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Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir Les Musicales de Lahontan, un festival de musique classique dans le Béarn. Jean Masmontet, le président du festival, a accepté de répondre à nos questions afin que nous puissions appréhender toutes les facettes de l’organisation d’un tel événement. Nous nous sommes rendu compte qu’un projet comme celui-ci regroupe nécessairement la plupart des compétences enseignées en école de commerce (communication, finance, comptabilité, management etc.) Bonne lecture !

Bonjour Jean Masmontet, pouvez-vous nous présenter en quelques mots Les Musicales de Lahontan ?

L’association « Les Musicales de Lahontan » a été créée en février 2016. À ce jour, elle compte une centaine de membres, elle est reconnue d’intérêt général. Elle s’est donné pour objectif d’amener la musique classique dans un territoire : le Béarn des Gaves, où elle est trop absente. Pour ce faire, elle organise un Festival International de guitare classique (acoustique), des MasterClasses et un concours.

Comment sont-elles nées ?

Un de mes amis, professeur de guitare au conservatoire de Paris et au conservatoire Royal de Belgique à Bruxelles, concertiste international, me dit en 2016 : « J’ai l’habitude de donner des MasterClasses tous les ans au Cap-Ferret, cette année il n’y a pas d’organisation, je suis embêté, je ne sais pas où amener mes élèves. » Je lui ai répondu : « viens à Lahontan, j’organise tout, vous serez nourris et logés chez l’habitant et pour remercier le village, les stagiaires donneront un concert et toi aussi ». Le stage et les concerts passés, vint la question : que fait-on l’an prochain ? j’ai alors proposé cette idée folle : on recommence, mais on ne joue pas « petits bras », on fait un Festival International de Guitare en Béarn !

Quelles ont été vos motivations pour monter le projet ?

Le Béarn des Gaves est à mi-distance entre Bayonne et Pau, c’est-à-dire entre la côte atlantique et la capitale du département. C’est un territoire essentiellement agricole. Les gens n’ont pas l’habitude de prendre leur voiture et de faire 40 minutes de route pour aller écouter de la musique classique.  En l’amenant à leur porte, on peut la leur faire découvrir et aimer.

Quelle formation avez-vous suivie et quels postes avez-vous occupés auparavant ?

Rien dans ma vie professionnelle d’avant ne m’a préparé à être organisateur d’un festival de musique. Je n’ai donc aucune formation en la matière. Cependant, j’ai quand même débuté mes études à Sup de Co Bordeaux, après quoi je suis parti à l’armée pour faire les élèves officiers de réserve (EOR), ce qui m’a permis d’être Officier. C’est là que j’ai appris à fédérer des équipes autour de projets. Plus tard, j’ai occupé plusieurs postes qui m’ont permis de gérer des équipes et de compléter mon apprentissage en management. J’ai notamment dirigé un cabinet de conseil à Paris avec 11 salariés. 

De combien de personnes un événement comme celui-ci a-t-il besoin pour voir le jour ? De combien de personnes votre équipe se compose-t-elle ? Quel y est plus précisément votre rôle ?

Nous avons une quinzaine de bénévoles qui prennent en charge  la communication, les transports, le logement et la nourriture des Artistes et des stagiaires, la technique (sono), le contrôle des entrées, l’accueil des VIP et les pots après les concerts. En tant que Président, je suis en lien direct avec le Directeur Artistique, pour finaliser les contrats des artistes, valider les inscriptions aux MasterClasses et au concours. Je suis partie prenante de chaque commission en charge des différentes tâches d’organisation.

Comment trouvez-vous les musiciens qui se produisent à votre festival, et comment parvenez-vous à les faire venir ?

C’est Pierre BIBAULT, notre directeur Artistique qui est en charge de nous proposer des artistes en lien avec nos choix de programmation. Il est lui-même concertiste international et les rencontre lors de Festivals en Europe ou dans le monde.

Comment obtenez-vous des financements ? Comment choisissez-vous vos entreprises partenaires ?

C’est en fait la partie la plus difficile du job : nous avons déjà signé les contrats pour 2020 et nous travaillons sur l’affiche 2021, alors que nous n’avons encore pas le budget nécessaire. Les demandes de subventions sont déposées, mais pas encore décidées. Elles le seront au cours du premier semestre. Les subventions ne représentent au mieux que 15 à 20% du budget. Ensuite il y a les dons et partenariats avec les entreprises locales : c’est le pourcentage le plus important avec 40 à 50% du budget. Il s’agit de dons en espèces ou en nature : bourriches, caisses de vin, pour la tombola, plateaux de charcuterie pour les pots conviviaux après les concerts…Le dernier poste est le bénévolat : nuitées chez l’habitant, transports des artistes et des stagiaires, qui représente 20% et enfin les entrées qui ne pèsent que 20% également.

Quelles démarches faut-il entreprendre pour réserver les lieux de l’événement ?

Ce sont les mairies qui mettent gratuitement les lieux à notre disposition. Mais il faut les retenir d’une année sur l’autre, par une demande officielle par courrier. Les relations avec maires et adjoints sont très importantes. J’ai la chance d’avoir une autre casquette : délégué de la fondation du patrimoine, qui me permet d’être en lien avec eux toute l’année.

Quels éléments de communication mettez-vous en place tout au long de l’année pour attirer des spectateurs et faire connaître le festival ?

Nous avons une commission communication qui a fait un gros travail de constitution de fichier : conservatoires en Europe, écoles de musique, professeurs de musique, agendas en ligne. 3 newsletters par an leur sont adressées. Nous disposons d’une page Facebook avec près de 800 abonnés et d’un site internet marchand avec version Française et Anglaise (https://www.guitaresbearnfestival.com). Nous entretenons des relations avec : France musique, France Bleu Béarn, la PQR, TVPI, TV7. Un mois avant le Festival nous installons nos panneaux de bord de route et 2 guitares géantes : l’une en bois de 4, 5 mètres de haut, l’autre de même taille est en gabion. La presse quotidienne régionale publie des interviews, les agendas en ligne sont activés.

Quelle est l’étape la plus difficile dans l’organisation et la programmation de chacune des éditions ? Quelle est la plus stimulante ?

Le plus difficile est d’assurer le financement de chaque Festival. Heureusement nous n’avons que peu de charges fixes : elles sont couvertes par 72% des cotisations annuelles à l’association. Le plus stimulant est de voir la joie des artistes, des stagiaires, des VIP et sponsors lors des pots conviviaux d’après concert.

Comment assurer le succès d’un événement ?

Nous sommes dans un territoire agricole ou nous amenons de la musique classique. Il faut donc prendre le temps de la faire découvrir, puis de la faire aimer. Il convient donc de choisir des pièces accessibles à tous, de prévoir des moments de rencontre entre les spectateurs et les artistes et, dans notre région, de ne pas oublier que la convivialité se conçoit autour d’un buffet.

A-t-on oublié d’aborder un point essentiel à l’organisation d’un tel événement ?

Oui notre plus grande question est : compte tenu de la moyenne d’âge élevée des membres et des bénévoles, comment assurer la pérennité de ce Festival ? Les jeunes du comité des fêtes ne sont pas sensibles à ce que nous faisons.

Pouvez-vous nous parler de la prochaine édition en 2020 ? Quel en sera le thème ?

En 2020, nous laissons carte blanche aux artistes. Il est effectivement difficile de les enfermer dans un thème. Au cours d’une année, ils travaillent chacun de leur côté, un compositeur ou un style, il leur est très difficile de s’adapter à un thème s’il ne correspond pas avec leur travail en cours.

Cependant en 2021 le fil rouge du Festival sera : Astor PIAZZOLA, ce compositeur de renom aurait 100 ans. Ces œuvres sont tellement connues et jouées qu’en l’annonçant dès à présent nous pouvons imposer ce thème à nos artistes.