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Les 18-25 ans, une génération qui cumule les handicaps

Pendant deux mois, la majorité des entreprises françaises ont interrompu leur activité. Résultat, la baisse de l’activité a engendré une baisse des revenus et certaines n’ont pas les ressources nécessaires pour embaucher cet été et à la rentrée. D’autres peuvent le faire, mais ont révisé leurs salaires d’embauche à la baisse. L’avenir des jeunes est plutôt anxiogène puisqu’aux conséquences de la crise s’ajoutent les handicaps déjà présents pour cette génération. On peut citer par exemple le taux de chômage élevé par rapport au reste de la population et la difficulté pour se loger tant les loyers sur le marché de l’immobilier sont élevés.

 

Les jeunes occupent des emplois fortement liés à l’état de l’activité

La crise touche non seulement les jeunes qui ont fini leurs études et qui cherchent désormais un premier CDD ou CDI, mais aussi ceux qui sortent des filières professionnelles, prêts à travailler dans des secteurs fortement mis à mal comme l’hôtellerie, la restauration, et l’artisanat.

En fait, les jeunes sont surreprésentés dans les secteurs les plus touchés (le commerce de gros et le commerce de détail en font également partie). Ce sont aussi eux qui occupent les postes les plus vulnérables si une crise survient. Sur les 620 000 postes détruits pendant le confinement, plus de la moitié était des CDD et des contrats d’intérim, contrats des jeunes par excellence. Autrement dit, les moins de 25 ans constituent la variable d’ajustement sur le marché du travail. Les postes qu’ils occupent sont rapidement créés dans les périodes de croissance, mais facilement détruits dans les périodes de crise.

 

Quels sont leurs recours ?

Les jeunes ont développé différentes stratégies face à cette situation. Certains décident de faire une année d’étude supplémentaire pour développer une nouvelle compétence spécifique, dans le numérique par exemple. D’autres encore ont décidé d’entamer un master alors même qu’ils devaient commencer à travailler après 3 années d’études dans le supérieur, c’est-à-dire avec un niveau de licence. D’autres enfin se tournent vers un service civique ou de volontariat européen, une solution qui leur permet de gagner en expérience et de se faire un peu d’argent.

Continuer les études n’est pas donné à tous : il faut avoir les moyens financiers pour se le permettre d’autant plus que certaines formations sont très chères. Pour passer cette période délicate et attendre le moment où les offres adéquates à leur formation réapparaitront, beaucoup font le choix de petits boulots : baby-sitting, jobs dans l’alimentaire, call centers, missions de cueillette et de vendange, de quoi assurer quand même des revenus.

 

Les « slashers » sont-ils plus résistants à la crise ?

Les slashers ou pluriactifs désignent les personnes qui cumulent plusieurs emplois en même temps, que ce soit par choix ou par obligation. Encore une fois, nombreux sont les pluriactifs qui travaillent dans les secteurs du tourisme ou de la culture.

Cependant, on peut se dire que les pluriactifs bénéficient de solutions de recours si un de leur emploi n’est pas maintenu. Autrement dit, ils bénéficient d’une sécurité grâce à leur flexibilité et à leurs différentes sources de revenus. Souvent, ils multiplient également les statuts (autoentrepreneur, salarié, auteur etc.), tiennent des blogs, font des vidéos. Le numérique a très bien marché pendant le confinement et a permis à ceux qui avaient une activité de création de contenu sur internet de la développer.

 

Les contrats aidés

Depuis 40 ans, le gouvernement a pris une succession de mesures similaires pour favoriser leur accès au marché du travail : contrats aidés, allègements de charges pour les entreprises embauchant des jeunes, dispositifs en faveur de l’apprentissage et de la formation en alternance etc. Le contrat aidé est un contrat émis par une entreprise qui bénéficie de subventions publiques. Ce type de mesure vise à faciliter l’accès à l’emploi pour une catégorie spécifique de la population. Ce sont des politiques dites « actives » puisqu’elles visent à augmenter le taux d’emploi de ces populations et non pas à rendre plus supportable la situation de chômage dans laquelle elles se trouvent (politiques « passives » de l’emploi).

Cependant, nombreux sont ceux qui remettent en doute ces mesures. Pierre Cahuc, professeur d’économie à Polytechnique et à l’Ecole nationale de la statistique et de l’administration économique (Ensae), et Stéphane Carcillo, chef de la division Emploi et revenus à l’OCDE, montrent qu’elles peuvent s’avérer efficaces si le gouvernement les met en place simultanément. Autrement dit, un contrat aidé facilite l’insertion professionnelle si une formation l’accompagne. Il s’agit de stimuler l’offre des entreprises en allégeant leurs charges et parallèlement accompagner les jeunes.

C’est précisément le but des « contrats d’avenir » lancés en 2012 par François Hollande, qui ont obtenu de bons résultats. L’efficacité de ces contrats tient aussi à leur durée. Ils ne doivent pas être trop courts afin que le jeune puisse avoir le temps d’acquérir l’expérience qui va assurer son employabilité.

 

Élargir le RSA aux 18-25 ans ?

Actuellement, seuls les jeunes ayant déjà travaillé deux ans peuvent bénéficier du revenu de solidarité active. Soit parce qu’ils ont perdu leur emploi et qu’ils ont aussi épuisé leur droit à l’assurance chômage, soit parce qu’ils ont une activité faiblement rémunérée. Dans ce deuxième cas, le RSA joue alors un rôle de complément d’activité. Un débat actuel soulève la question de l’étendre à tous les jeunes de 18-25 ans bien que le RSA coûte déjà 11 milliards d’euros à la collectivité. L’étendre aux 800 000 jeunes qui ne sont ni en formation ni en emploi coûterait environ 5 milliards d’euros supplémentaires. On retrouve les mêmes arguments que ceux qui remettent en cause le RSA déjà existant. L’aide désinciterait au travail, les jeunes s’en contenteraient sans multiplier leurs efforts de recherche d’emploi…

 

Les mesures du gouvernement

Le gouvernement a accordé une aide de 200 euros aux 800 000 jeunes privés de travail pendant la crise sanitaire. Stanislas Guerini, le délégué général du parti La République en Marche, propose l’ouverture de ce RSA jeunes, un « chèque déconfinement » pour les plus précaires ainsi qu’un dispositif d’exonération de charges pour la signature de tout premier CDI, quel que soit le salaire. Mais le secrétaire d’État à la jeunesse, Gabriel Attal, a pour l’instant écarté l’hypothèse du RSA jeunes « aucun jeune ne grandit avec les minima sociaux comme horizon ».

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